Greenlog, un engagement pour une logistique verte
Lancée en janvier 2019 par Julien Urbain, Greenlog est une réponse à un besoin non comblé dans le secteur de la logistique pour les petits et moyens e-commerçants. Cette initiative entrepreneuriale est née d’une transition de carrière et d’un désir profond de créer une entreprise qui, en plus d’être économiquement viable, est axée sur des engagements sociaux et environnementaux forts pour construire un avenir meilleur.
Au travers de cette interview croisée entre Julien et Céline, sa femme qui l’a rejoint dans l’aventure, découvrez l’histoire inspirante de leur entreprise responsable et de leur engagement en faveur de la logistique verte. Ils nous partagent leur vision de la logistique verte, leur démarche sociale et leur projet de transformer Greenlog en une “perma-entreprise”, tout en soulignant l’importance de l’implication collective pour un avenir plus durable.
Commençons par l’origine de Greenlog.
Pouvez-vous nous parler de comment l’entreprise a vu le jour ?
Julien : Greenlog a été créé en janvier 2019. Avant cela, je travaillais pour FedEx en tant que Responsable Grands Comptes France. L’idée de Greenlog est née lorsque j’ai atteint un point de rupture dans ma carrière. Mon épouse m’a encouragé à entreprendre, et nous avions toujours rêvé de créer notre propre entreprise. Nous avons constaté un besoin non comblé dans le secteur de la logistique pour les petits et moyens e-commerçants, car les gros logisticiens ne s’intéressaient qu’aux géants du e-commerce.
Céline : Nous avons été interpellés par les pratiques que nous avons observées dans certains entrepôts, notamment la sous utilisation de mètres carrés et les conditions de travail peu agréables. Nous avons décidé de créer Greenlog en nous basant sur des engagements qui nous tiennent à cœur, à la fois sociaux et environnementaux.
Parlez-nous davantage de la dimension environnementale de Greenlog.
Pourquoi la logistique verte est-elle importante pour vous ?
Julien : La logistique verte n’existait pas il y a cinq ans. Il y a un paradoxe entre l’écologie et le e-commerce car notre activité génère inévitablement une empreinte carbone. Cependant, nous nous efforçons de réduire au maximum notre impact environnemental. Nous savons que c’est un processus continu, mais c’est essentiel pour l’avenir de notre planète.
Céline : Nous sommes fiers de dire que notre service de logistique verte n’est pas plus cher que les services traditionnels, car nous comprenons que les e-commerçants cherchent également la rentabilité économique. Nous avons trouvé l’équilibre entre nos aspirations et les réalités du marché.
Vous êtes un binôme dans votre vie personnelle et professionnelle. Comment faites-vous pour vous compléter aussi bien pour faire fonctionner Greenlog ?
Julien : Céline apporte son expertise marketing et commerciale, tandis que je me concentre sur les opérations et les achats. Notre collaboration fonctionne bien car nous nous comprenons ; nous savons que nous ne sommes pas parfaits, mais nous nous soutenons mutuellement. Notre complémentarité est une réelle force pour avancer ensemble, surtout lorsque nous avons des engagements forts, où nous plaçons les intérêts de la planète sur un pied d’égalité avec les intérêts financiers de l’entreprise.
Très concrètement, pouvez-vous nous expliquer quels sont les engagements que vous prenez au quotidien pour construire une logistique plus verte ?
Julien : Chez Greenlog, notre objectif est de repenser la logistique en adoptant une approche écologique à tous les niveaux de notre activité. Contrairement à la tendance actuelle, nous privilégions la qualité sur la quantité. Nous optons pour des petits entrepôts et encourageons une atmosphère familiale, non seulement parmi nos employés, mais également avec nos clients et fournisseurs ; avec l’unique objectif en ligne de mire de respecter notre planète.
Nous avons aussi obtenu la certification EcoCert pour nos produits alimentaires. Cette certification est un gage de qualité pour nos clients, car elle montre notre engagement envers des pratiques durables.
Nous investissons également dans des technologies pour réduire notre impact environnemental. Lors de la réception de nos produits, nous réutilisons nos cartons en les aplatissant pour les transformer en calage afin de protéger nos produits. Cela réduit non seulement les déchets, mais aussi les coûts associés à la gestion des déchets. Nous privilégions également l’utilisation du carton de seconde main chaque fois que possible, contribuant ainsi à la réduction de l’utilisation de matières premières.
De plus, nous avons éliminé tout plastique de nos colis, y compris en utilisant un adhésif Kraft au lieu de scotch plastique. En évitant les plastiques dans nos colis, nous rendons les produits plus faciles à recycler. Nous cherchons toujours à équilibrer l’esthétique et l’expérience client avec nos choix écologiques.
En ce qui concerne la logistique de livraison, nous encourageons l’utilisation de points de relais, comme Mondial Relay, car ils sont plus écologiques que les livraisons à domicile. Cela réduit le nombre de trajets des livreurs, et ainsi notre empreinte carbone.
Céline : Nous avons aussi envisagé de rallonger les délais de livraison pour réduire le nombre de collectes par les transporteurs. Nous avons constaté que de nombreux consommateurs seraient favorables à cette approche pour réduire l’impact environnemental de la logistique. Nous encourageons nos clients à prendre position et à communiquer ces choix auprès de leurs clients.
Nous travaillons sur un projet pour 2024 qui vise à transformer Greenlog en une perma-entreprise. Cependant, nous sommes conscients que cela ne peut pas être réalisé en solitaire. Nous prévoyons donc de réunir toutes les parties prenantes de la chaîne d’approvisionnement, y compris les consommateurs, les clients, les transporteurs et les fournisseurs d’emballages, pour collaborer et trouver des moyens de réduire l’empreinte carbone du e-commerce.
Nous croyons que ces actions collectives et ces engagements forts contribueront non seulement à préserver notre planète, mais aussi à créer une communauté solide d’acteurs du e-commerce qui œuvrent pour un avenir plus durable.
Outre le côté environnemental, pourriez-vous nous expliquer comment votre entreprise joue un rôle crucial sur le social ?
Céline : En effet, au-delà de nos actions en faveur de l’environnement, nous attachons une grande importance à l’aspect social. Nous poursuivons principalement deux grands objectifs. Tout d’abord, le bien-être de nos employés est primordial. Nous veillons à garantir l’égalité des salaires et avons opté pour une gestion collaborative. Nous avons aussi mis en place des actions qui améliorent le pouvoir d’achat de nos employés. Tout cela cumulé fait que nous avons très peu de turnover et d’arrêts de travail.
Ensuite, nous sommes également engagés dans l’insertion et la réinsertion. Nous travaillons en partenariat avec des organisations telles que les Restos du Cœur et un ESAT (établissement et service d’aide par le travail), qui est un centre de travail pour personnes handicapées. Nous accueillons régulièrement des personnes en situation de handicap, ainsi que des personnes en réinsertion, pour les aider à retrouver leur chemin vers le monde du travail. Nous leur offrons du temps, de l’expérience et une opportunité d’apprendre. Notre objectif à terme est de les intégrer complètement dans notre équipe. Nous travaillons sur l’idée de créer des emplois stables pour eux.
Julien : Nous expérimentons déjà la semaine de travail de quatre jours, et nous prévoyons de la mettre en place définitivement. L’idée est de maintenir un roulement pour que cela fonctionne. Cela fait partie de notre engagement envers le bien-être de nos employés.
D’où la démarche de se considérer comme une perma entreprise ?
Céline : Absolument. On essaye dans toute notre démarche d’avoir toujours un intérêt vertueux plus que financier. Cela s’inspire du concept de la permaculture, qui vise à s’auto-suffire, à ne pas produire plus que nécessaire, et à s’auto-gérer au mieux. Le slogan que j’aime bien utiliser sur la perma-entreprise, c’est : “un modèle viable pour un futur vivable”. Nous restons des chefs d’entreprise, confrontés à une réalité économique. Nous ne faisons pas de bénévolat, donc il faut que le business model soit viable.
Nous mettons donc en place des actions et des process pour que le business model soit encore vivable dans 10, 15 ans, 20 ans, sans faire trop de mal à notre planète. A la fin, on doit pouvoir le transmettre à nos enfants et se dire : “on est fiers parce qu’on laisse un joli cadeau, à la fois rentable mais surtout propre”, une véritable perma entreprise.
Quels sont vos prochains objectifs en matière de logistique verte ?
Julien : Nous avons plusieurs priorités pour l’avenir en matière de logistique verte. La gestion des déchets est l’une d’entre elles, avec l’objectif de tendre vers zéro déchet. Nous envisageons également d’améliorer la mobilité, notamment en favorisant le covoiturage et en proposant des trottinettes électriques à nos collaborateurs. D’autres domaines d’intérêt incluent l’énergie et la réduction de la pollution numérique. Notre but est de traiter ces sujets de manière approfondie et de devenir un leader dans chaque domaine.
Comment voyez-vous l’implication des autres acteurs de la logistique pour une démarche collective en faveur de la logistique verte ?
Julien : La force réside dans le collectif. En nous unissant, les petites entreprises peuvent devenir une force face aux grands acteurs. Il est essentiel de se mobiliser collectivement en faveur de la logistique verte pour ne pas être dépassés par des géants du secteur. Nous devons nous battre pour un objectif commun et collaborer avec toutes les parties prenantes impliquées. Notre priorité est de préserver notre planète et de faire avancer les choses. L’union fait la force.